Je travaille dans l’Éducation nationale depuis le début des années 1980.
J’y suis entré comme Maître d’internat, puis j’ai enseigné avant de prendre des responsabilités de direction dans des lycées publics. Durant ces années, j’ai vu passer des générations d’élèves, des équipes très différentes, des réformes successives et beaucoup de discours sur l’école. Ce que je retiens surtout, ce sont des visages, des histoires individuelles, des chemins qui bifurquent parfois pour un détail, une rencontre, une parole tenue au bon moment.
Très tôt, j’ai compris qu’un établissement scolaire ne se réduit pas à des programmes, des emplois du temps et des résultats d’examen. C’est un fragment de société, avec ses tensions et ses solidarités, ses injustices, ses moments de grâce. On y croise des adolescents qui se cherchent, des adultes qui tentent de tenir un cap, des vies cabossées, des promesses encore fragiles. Tout cela dépasse largement les tableaux de bord et les statistiques.
Pourquoi ce site
J’ai créé cet espace pour disposer d’un lieu d’expression indépendant, à distance des canaux de communication officiels. Je voulais un endroit où je puisse penser à voix haute, sans langue de bois, sans obligation de format, sans avoir à parler au nom de qui que ce soit.
Ici, je peux examiner le fonctionnement du système éducatif, interroger nos habitudes professionnelles, revenir sur certaines décisions, raconter ce que l’on ne peut pas toujours dire dans un rapport ou dans une réunion. Je peux aussi garder trace de textes épars qui, autrement, resteraient enfouis dans des dossiers numériques, ou se perdraient dans la masse des documents administratifs.
Cet espace accueille également des fragments plus personnels, chaque fois que le vécu individuel éclaire une question collective. Il ne s’agit pas d’un journal intime, mais je ne crois pas à une réflexion sur l’école complètement désincarnée.
Les textes publiés n’engagent que leur auteur. Ils ne prétendent pas exprimer une position officielle. Ils reflètent le regard d’un professionnel, d’un citoyen et d’un humaniste convaincu que la dignité de chaque personne ne se discute pas.
Mes engagements
Au fil des années, quelques lignes de force se sont imposées dans ma pratique comme dans mes prises de position.
Je refuse l’idée que la réussite scolaire serait écrite d’avance par l’origine sociale, le quartier, la situation familiale ou le dossier de départ. L’école ne peut pas tout réparer, mais elle peut abîmer davantage ou, au contraire, ouvrir des possibles. Je me situe résolument du côté de celles et ceux qui cherchent à réduire les écarts plutôt qu’à les constater avec fatalisme.
Je me sens particulièrement concerné par la protection des élèves les plus vulnérables. Harcèlement, moqueries répétées, humiliations ordinaires, discriminations plus ou moins explicites produisent des blessures profondes. Ce ne sont pas de simples incidents de vie scolaire. Ce sont des événements qui peuvent marquer une trajectoire entière. La défense des droits des personnes LGBTQIA+ fait partie de mes engagements constants. Une communauté éducative qui laisse prospérer les sous-entendus, les insultes ou les rires aux dépens de certains élèves renonce à sa mission. Il ne s’agit pas de demander l’adhésion à une vision du monde, mais de garantir à chacun un cadre où il peut exister sans peur.
Je crois aussi à une école exigeante et bienveillante à la fois. L’exigence sans considération pour les personnes finit souvent en violence froide. La bienveillance sans exigence se transforme vite en abandon poli. Tenir ensemble ces deux pôles reste, pour moi, le cœur du métier.
Les enjeux écologiques occupent également une place importante dans ma réflexion. Je ne crois ni aux injonctions moralisatrices ni à la culpabilisation permanente. J’ai davantage confiance dans une éducation qui donne des outils pour comprendre, débattre, agir de manière lucide, plutôt que dans une succession de gestes symboliques déconnectés de ce que vivent réellement les élèves.
Enfin, je demeure attaché à l’idée d’ouverture européenne et internationale. Les échanges, les mobilités, les regards croisés bousculent les évidences, fissurent l’entre-soi et invitent chacun à se situer autrement dans le monde.
Ce qui m’a construit
Comme beaucoup, j’ai été façonné par des rencontres, des lieux et des livres.
Des chercheurs en éducation ont nourri ma manière d’aborder le rapport au savoir, la place de l’élève, le rôle de l’école dans la construction d’une vie. Des écrivains, parfois très éloignés de la sphère scolaire, m’ont appris que la littérature peut dire les failles, les désirs, les violences silencieuses, tout ce qui ne trouve pas sa place dans les textes officiels.
Les collègues, les enseignants, les personnels de vie scolaire, les agents, les élèves eux-mêmes ont joué un rôle décisif. Ce sont eux qui m’ont appris ce que signifie vraiment tenir une position, faire preuve de loyauté, reconnaître ses erreurs, accepter la complexité d’une situation plutôt que de céder à la facilité des jugements rapides.
Je garde aussi une affection particulière pour les récits imaginaires et les grandes sagas. L’univers de Star Wars m’accompagne depuis longtemps, avec une attention particulière pour les personnages traversés par la faute, le doute, la tentation de la destruction ou de la rédemption. Ces figures, parfois caricaturales en apparence, offrent un miroir étrange à nos propres contradictions.
Ce que vous trouverez ici
Ce site se situe entre l’essai personnel et le carnet de travail. On y trouve des analyses sur l’école et les lycées, des retours d’expérience, des réactions à certaines politiques publiques, des portraits de personnes que je considère comme des passeurs, mais aussi des textes plus intimes lorsque cela permet d’éclairer une question de manière honnête.
Vous y croiserez des accords, des désaccords, des doutes, parfois des colères tranquilles. Je n’ai pas la prétention de détenir la vérité sur l’éducation ou sur la société. J’essaie simplement de ne pas renoncer à ce qui me semble essentiel.
Si certains textes font écho à ce que vous vivez, si d’autres vous donnent envie de nuancer ou de contester, l’objectif sera atteint. L’école comme la démocratie ne progressent pas grâce au silence poli, mais grâce à des échanges exigeants, respectueux et profondément attachés à l’égalité en droit et en dignité de chaque être humain.
Philinux